Comment l'exigence d'apport bloque l'accès à la propriété en France

La primo-accession à la propriété en France traverse une crise sans précédent, bien plus grave que celles de 2008 ou 2012.
Selon Michel Mouillart, la principale cause n'est pas uniquement la hausse des taux immobiliers, mais surtout le renforcement des exigences d'apport personnel imposées par la Banque de France, qui écarte massivement les ménages modestes du marché.
Une chute historique qui déstabilise tout le marché immobilier
Depuis 2019, l'effondrement de la primo-accession explique :
- - 84 % du reculde la construction neuve,
- - 86 % de la baissedes achats dans l'ancien par des particuliers.
Le nombre d'accédants a chuté de façon spectaculaire : -178 000 en 2023, soit une baisse de 22 % en un an, pire que pendant la crise des subprimes.
Apport personnel : le principal frein à l'achat
Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas seulement les taux qui bloquent l'accès à la propriété. L'apport exigé par les banques a augmenté de plus de 40 % depuis 2019, rendant l'achat impossible pour les primo-accédants modestes :
2019 Apport modéré accepté
2024 Apport élevé obligatoire
Impact 87 % de la baisse des primo-accédants
Avec un PTZ affaibli et une absence de soutien public, ces ménages sont désormais exclus du marché.
Un blocage de la mobilité résidentielle et du parcours logement
Cette crise pénalise directement les jeunes ménages et les classes moyennes, aggravant :
- - Le blocage de la mobilité résidentielle,
- - Les difficultés de décohabitation,
- - La pression sur le marché locatif.
Sur de nombreux territoires, l'accession reste la seule alternative au locatif, faute d'offres abordables.
Un danger pour la filière immobilière
La chute de l'accession fragilise :
- - Les constructeurs(effondrement du neuf),
- - Les agences immobilières(baisse de transactions),
- - L'emploi localet l'activité économique territoriale.
Contrairement à 2009, aucune politique publique n'est venue soutenir la primo-accession.
Conclusion : restaurer l'accès au crédit pour relancer le marché
La crise de la primo-accession n'est pas une fatalité.
Elle pourrait être surmontée par :
- - Un assouplissement des critères HCSF,
- - Le renforcement du PTZ,
- - Des soutiens ciblés pour les ménages modestes.
Sans mesures pour faciliter l'apport et l'accès au crédit, la France verra s'aggraver la fracture patrimoniale et le gel des parcours résidentiels.
[21/10/2025]